En 1988, le monde de l’animation est marqué par la sortie de longs métrages monumentaux ayant connus un « léger » succès : Akira, Mon Voisin Totoro, Le Tombeau des Lucioles ou encore Appleseed.
Le 25 février de cette même année sort une OAV (Original Animation Video) de 42 minutes, peu connue et pourtant très réussie, Dragon’s Heaven.

L’OAV est une adaptation du manga éponyme de Makoto Kobayashi sorti en 1986. C’est d’ailleurs lui-même qui s’est occupé de la réalisation de l’anime. De plus, il était extrêmement bien entouré car dans son équipe il y avait par exemple Shinya Ohira qui a travaillé sur l’animation-clé de nombreux anime comme certains films du Studio Ghibli dont Le Voyage de Chihiro, Porco Rosso, Le Château ambulant, mais aussi Ping Pong, Amer Béton ou encore Akira pour ne citer que les plus connus.
Synopsis de l’OAV Dragon’s Heaven
En l’an 3195, une guerre déchirante oppose humains et robots. Ayant perdu son compagnon d’arme, Shaian, un robot de guerre du côté des être humains, se voit dans l’incapacité de rejoindre le vaisseau mère et se met en veille. Il se réveille 1000 ans plus tard lorsque ses capteurs détectent une source de vie proche de lui. Il rencontre alors Ikuru, une humaine qui se bat pour protéger les habitants de Kerutoria. Tous deux coopèrent pour vaincre le rival de Shaian, le commandant El Medine, un robot à la tête d’une armée ennemie.

Une structure originale
La grande particularité de cette OAV, est que, sur 42 minutes, il y a environ 17 minutes qui ne sont pas de l’animation. Il y a d’abord ±5 minutes de plans mettant en scène des maquettes de Shaian et d’El Medine, les deux rivaux robotiques de cette œuvre, accompagnés d’une musique planante (Awakening After 1000 Years). Le tout donne une dimension mystérieuse aux images et on se sent absolument captivés et obligés de contempler ces maquettes formidablement détaillées.

Il y a ensuite 24 minutes d’animations pour enfin terminer sur ±12 minutes de making of où l’on voit Makoto Kobayashi et son équipe travailler sur les maquettes et les plans de l’introduction.
Remarquez les moyens impressionnants déployés pour une « simple » OAV. Certes l’ampleur n’est pas la même, mais c’est comparable à ce qu’à pu faire l’équipe de tournage d’Alien par exemple (galerie d’image par Rockyrama).


Une esthétique bien connue
Comment parler de Dragon’s Heaven sans parler de Jean Giraud, Gir, plus connu sous le pseudonyme Mœbius. En effet, le bédéaste français mondialement connu pour ses chefs-d’oeuvre de science-fiction a directement inspiré Makoto Kobayashi, et pour les connaisseurs de Mœbius, cette intention se ressent au premier coup d’œil. Les couleurs utilisées, le fait de dessiner chaque grain de sable, l’apparence de certains personnages… Tout rappelle Mœbius ! On retrouve même une scène dans l’OAV qui est sans doute une référence directe à Venise Céleste, un album qu’il a publié en 1984 (deux ans avant la sortie du manga, et quatre avant son adaptation animée). Dans cette histoire, Mœbius dépeint une Venise flottante dans les airs, sans courants d’eau et les personnages s’y déplacent en gondoles volantes. Évidemment, les décors sont inspirés de la vraie Venise, on y retrouve donc des lieux et monuments comme la Place San Marco, le Palais des Doges, le Campanile ou encore le Musée d’arts La Punta della Dogona. Dans cet album, l’artiste français propose une illustration du Pont des Soupirs, une passerelle qui relie les anciennes prisons aux cellules d’interrogatoires du Palais des Doges. Son nom vient d’un éventuel soupir exprimé par les prisonniers qui se dirigent vers la prison et voient leur liberté s’éloigner. C’est ce dernier monument que l’on retrouve dans l’OAV de Dragon’s Heaven.

Le style du manga rappelle aussi Nausicäa, bien qu’il est encore une fois très proche de celui de Mœbius et notamment à sa bande dessinée Arzach, probablement l’une de ses plus connue d’ailleurs.

Il y a aussi une scène dans l’OAV où Ikuru enfile sa tenue de combat et son apparence m’a tout de suite rappelé Karin de DNA2. Je ne sais pas si le charadesign de Karin s’en est inspiré ou si peut-être l’un des membres du staff de DNA2 avait travaillé sur Dragon’s Heaven quelques année plus tôt. N’ayant trouvé aucune information à ce sujet, il se peut que ce ne soit qu’une coïncidence.


Bande son
Après avoir parlé du manga, de l’esthétique de son adaptation animée et de ses influences, passons ensuite à la bande son. Typique des années 80, elle est rythmée, énergique et fonctionne parfaitement avec l’univers de Dragon’s Heaven. De plus, Tsubokura Yuiko, chanteuse du groupe B.B. Queens, a participé à la BO. En effet, elle a composé et interprété l’ending, Dancin’ with a Heartache. Elle est principalement connue pour ses performances dans Kimagure Orange Road et Bubblegum Crisis.
Mon avis
Le scénario peut paraître un peu léger, mais c’est aussi ça qui permet à cette adaptation d’être claire, il n’y a pas de mystère impossible à comprendre ou d’événements insensés comme on peut parfois en voir. Globalement, j’ai trouvé cette OAV très agréable à regarder. Le style visuel est magnifique, les couleurs sont bien travaillées, l’animation est fluide, la musique est parfaite… Bref, tout est réussi.
En plus, étant un grand fan de Mœbius j’avoue avoir passé mon temps à admirer les décors magnifiques, je vous mets quelques exemples en dessous.

De plus, il faut dire que j’ai pas mal d’admiration et de respect pour cette production car on sent que Kobayashi s’est démené et beaucoup investi avec son équipe. Entre un style qui demande beaucoup de patience et la construction des maquettes, le staff de Dragon’s Heaven s’est donné beaucoup de mal pour réaliser une belle œuvre.
Pour finir, je vous recommande vivement Dragon’s Heaven (je le dis clairement si jamais vous ne l’aviez toujours pas compris haha). Ce n’est pas très long et c’est une chouette expérience qui vous fera certainement passer un bon moment, faites moi confiance !
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